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    Je voudrai, aujourd’hui aborder avec vous un sujet peu connu de la plus part de nos amis HPI et qui pourtant touche une petite minorité d’entre nous , principalement les jeunes femmes. J’ai moi même été et suis encore très touchée par ce phénomène : le problème de comportement alimentaire des sujets à HQI.

     

    La lien de cause à effet qui existe entre le QI et les problèmes alimentaires, chez les jeunes filles notamment, (boulimie, anorexie, hyperphagie…) est encore très mal connu. Difficulté à accepter son corps de femme, puberté, refus de grandir, de reconnaître ses émotions… sont autant de causes-clichés associées encore trop souvent aux troubles du comportement alimentaire.

     

    Et si certaines jeunes filles douées « utilisaient » les troubles alimentaires pour répondre à leurs besoins non reconnus (sécurité, reconnaissance, passion, perfection, limites, frustration…) ? Et si elles s’étaient tout simplement fait piéger sur le chemin de leur quête d’identité par ces maladies complexes qui les éloignent un peu plus de leur être véritable ?

     

    Ce sujet, Arielle Adda en parle avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse dans son livre ‘L’enfant doué, l’intelligence réconciliée’. Cela a été pour moi un vrai soulagement de voir décrypter en quelques lignes le POIDS qui pèse à la fois sur mon corps et sur mon esprit depuis plusieurs années maintenant. Elle a su trouver les mots justes pour définir les mécanismes qui poussent à ce genre de comportement et la détresse intérieure qu’ils nourrissent.

     

    Arielle Adda :

    ‘Quant à ces jeunes filles qui s’entourent d’une armure de graisse, elles ne trouvent pas la sécurité tant désirée : elles continuent à appréhender l’avenir, sans savoir où trouver une protection enfin efficace.

    Anorexiques ou boulimiques, elles se sont fait piéger sur le chemin de leur quête. Elles, qui rêvaient d’absolu, les voilà malade, de moins en moins attirantes. (…) Elles aimeraient pouvoir enfin apaiser cette jeune fille compliquée et malheureuse pour de si obscures raisons, désormais encore plus difficiles à déceler sous l’afflux des symptômes et des hypothèses. Seule demeure, au fond d’elles-mêmes, l’impression confuse, floue, comme brouillée, que leur être véritable reste enfoui dans des abîmes insondables : elles devront donc se contenter du masque qu’elles ont tant bien que mal plaqué sur leur visage endolori.

    Protégées par une armure de graisse ou par une apparence d’une extrême fragilité, elles continuent à se sentir trop exposées à des regards toujours trop chargés d’une désespérante incompréhension. (…)

    Seul un dialogue attentif avec une personne capable de pressentir dans cette enfance en souffrance l’écho d’un don lumineux mais étouffé, peut ouvrir la cage d’où se débat l’oiseau blessé.

    L’enfant doué non reconnu vit une petite mort.’

      

    Parmis les causes de ce TCA (trouble du comportement alimentaire.), certaines d’entre elles me semblent fondamentales . Elles sont décrites avec précision dans le riche site belge ‘douance.be’.

     

    Douance.be

     

    1° Affamée de reconnaissance

    (…) derrière le symptôme, il y a cette jeune fille affamée de reconnaissance, passionnée, débordante de vie, mais ne sachant comment vivre.

    2° Se construire une armure

    (…) A l’adolescence, l’équilibre précaire dans lequel l’enfant doué non reconnu avait pu évoluer jusque là vient souvent à se rompre : l’image qu’on lui renvoie d’elle ne lui convient plus… Entre banalité et conformisme, les malentendus deviennent trop douloureux. Désarmée et vulnérable, trop consciente de toutes les étapes à franchir pour atteindre l’âge adulte, la jeune fille se sent exposée à des dangers qu’elle ne peut maîtriser.

    Son corps-muraille… Elle grossit pour renforcer sa carapace, pour se donner un peu d’épaisseur, de consistance… Elle maigrit pour atteindre l’essence de sa personnalité, pour toucher du bout des doigts cette perfection et cet absolu qui lui sont chers… (…)

    3° L’intolérable frustration

    Classiquement, les crises de boulimie sont considérées comme un moyen de remplir un vide affectif, de lutter contre l’ennui et le désoeuvrement, de gérer une trop grande frustration… Comme s’il ne s’agissait que d’un caprice de petite fille gâtée !!!

    Comme le dit Jeanne Siaud-Fachin, « l’intolérance à la frustration correspond toujours à une fragilité émotionnelle. Ne pas pouvoir tolérer qu’un plaisir, qu’une satisfaction soit différé correspond à une impossibilité à gérer le doute et l’incertitude. » Or, chez la jeune fille boulimique, il semblerait que toutes les situations quotidiennes se transforment en épreuves insurmontables. A chaque instant, la distance entre un désir et sa satisfaction la plonge dans un abîme d’angoisse… Entre l’envie de réaliser quelque chose et la concrétisation de ses projets, il y a un espace-temps durant lequel la pensée va se mettre en marche pour attendre… Or, chez les enfants doués, penser est un processus complexe et sans limite. L’incertitude devient dès lors trop inquiétante et pour s’en protéger et maintenir son équilibre, il faut que les choses se passent immédiatement.

    La frustration apparaît donc ici comme une peur intense de penser. En venant court-circuiter la réflexion, les crises de boulimie agissent comme un « interrupteur de pensée » : en se gavant, la jeune fille boulimique « oublie » provisoirement ses projets, ses désirs et surtout, tous les obstacles qui pourraient se mettre sur la route de leur réalisation et qu’elle ne manque pas d’évoquer. Il n’y a plus que l’acte alimentaire (ou le refus de se nourrir, dans le cas de l’anorexie) qui compte.

    4° Une petite fille perdue dans un corps de femme

    (…)De nombreuses études ont démontré que les adolescentes anorexiques ou boulimiques avaient généralement été des enfants responsable et matures, ne reculant devant aucun devoir et toujours prêtes à rendre service. Tout se passe comme si, à un moment, elles avaient cessé de croire en leur capacité d’affronter les situations de la vie de tous les jours, comme si elles avaient essayé d’être grandes, mais estimaient ne pas avoir réussi, comme si elles rêvaient de vivre pleinement leur rôle de femme, mais qu’elles craignaient d’y échouer.

    Connaissant les caractéristiques de la douance (hypersensibilité, empathie, lucidité…) et les difficultés qui peuvent en découler (manque de compréhension, sentiment de non-appartenance au groupe des pairs, isolement…), on peut s’interroger sur l’influence de ces facteurs dans l’apparition des TCA. Avant de devenir anorexique ou boulimique, l’adolescente est généralement passée par une période durant laquelle elle se trouvait tiraillée entre son besoin d’autonomie et son incapacité à s’éloigner du cocon familial lié ‘au manque d’identification possible aux autres jeunes de son âge. Durant cette période où elle aurait dû vivre différentes expériences plus ou moins fructueuses et les confronter à celles de ses pairs, cette jeune fille se sera sentie étrangère aux préoccupations des ses camarades, éloignée de leurs centres d’intérêt et de leurs façons de vivre le quotidien. Dès lors, il lui est quasi impossible de s’identifier à eux et de construire ainsi son identité propre. Aux yeux du monde extérieur, sa difficulté à assumer le passage à l’âge adulte passera pour un manque de maturité… Qui pensera à relier cette crainte à son extrême lucidité, à ses interrogations sans fin et à son perfectionnisme ? ‘

     

    Coup de Gueule !

    Je finis cet article par un gros coup de gueule :

     

    Je me prends à rêver d’un monde où l’on parlerait de formes voluptueuses, de jeunes femmes appétissantes, de courbes généreuses, de physiques avantageux...

     

    De quel droit juge t-on les personnes en surpoids ? Valent-elles moins que les autres ? Ou est-ce simplement ce qu’imprime dans nos cerveaux les hordes de campagnes  publicitaires aux mannequins sans âmes, sans forme, sans relief, sans saveur .

     

    Est ce le surpoids ou la souffrance qui dérange ? Le surpoids étant la forme la plus visible de souffrance, imposée a l’œil du passant au détour d’une rue, d’un métro et qui lui renvoie ses propres démons ?

     

    Si c’est le cas inquiétons nous, car si une personne en détresse n’inspire que dégout et clichés discriminatoires,  si les gens n’ont plus ni le courage ni l’empathie pour se confronter à leur propre souffrance et à celles des êtres qui les entourent. Si ils préfèrent  juger plutôt que de comprendre, détourner le regard plutôt que de faire face, se moquer plutôt que d’être bienveillant  alors c’est qu’il ne reste plus rien à espérer…


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